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Extrait de l'introduction : 

C’est pourquoi j’ai écrit ce livre, pour apporter ma contribution à un monde meilleur. Je l’ai écrit, guidé et inspiré par toute l’Humanité que je peux porter en moi. Dans l’espoir que ce livre puisse être un lien, édifier une passerelle d’apaisement entre deux mondes qui se méconnaissent et s’ignorent résolument. Puisse-t-il apporter un éclairage bienfaiteur pour que grandisse la tolérance et la Paix en chacun de nous ! Puisse-t-il guider hommes et femmes vers plus de bienveillance, de raison, afin de soulager les peines ! Puisse-t-il ouvrir les cœurs pour ainsi repousser jugements trop hâtifs et injustice ! Je veux témoigner à ceux qui n’ont pas grandi, ni vécu dans l’enclave d’une cité, de toute la complexité, la difficulté que cela représente pour celui qui y vit.

Chapitre Ma Mère :

"Comment réconcilier ces deux genres humains qui s’unissent pour donner la vie ? Comment une telle scission a pu s’opérer au fil du temps ? Pourquoi tant de rejet de ce qui est autre et pourtant une part de nous ? Ce que je suis, tu l’es. Ce que tu es, je le suis. Les hommes doivent s’ouvrir à l’Amour, les femmes leur pardonner ce lourd passé de servitude. Pour que notre monde se porte mieux, la première évolution à confirmer est bien celle-ci, apprendre aux hommes et aux femmes à reconnaître une moitié d’eux-mêmes. La première réconciliation à obtenir, pour arriver à la Paix universelle, est la Paix dans les foyers. L’harmonie est essentielle entre ces deux genres pour que règne, enfin, la Paix sur terre. Mettre un terme définitif à cette invraisemblable dichotomie, afin que cessent les injustices que subissent les femmes depuis des siècles. De la lapidation à la blague sexiste humiliante…"

Chapitre Mon Père :

Il est important d’apprendre à développer notre compassion devant la souffrance présente en chacun de nous. J’en suis convaincu : ne fait du mal que celui qui souffre. Ne fait du tort que celui qui est révolté de son sort. Ne blesse que celui qui est dans la douleur. Ne condamne que celui qui est dans l’ignorance de la blessure qu’il cause. C’est pour tout cela que j’ai réalisé la peine que pouvait être celle de mes parents et accompli ce chemin me rapprochant d’eux. Ne pardonne pas celui qui vit dans le tourment des souvenirs des blessures subies. Et à son tour, blessé, fait souffrir. La boucle est bouclée et le monde ne change pas. Reconnaître sa souffrance est la première démarche salvatrice pour un monde meilleur. J’ai reconnu la douleur que m’avait causée la souffrance de mon père et ma mère. C’est cela qui m’a permis de leur pardonner, pour qu’enfin, je puisse voir et reconnaître leur propre malheur. Comprendre qu’ils n’avaient pas agi contre moi, mais parce qu’ils n’ont pas pu, n’ont pas su faire autrement. De la souffrance opposée à de la souffrance peut-elle donner naissance à de l’Amour ? Pour accéder à sa liberté d’être, le pardon est incontournable. En accordant mon pardon à mon semblable, tout comme lui, j’accepte d’être imparfait. C’est en s’autorisant d’être imparfait que l’on devient parfait. Cette démarche de compréhension de ses blessures et celles de l’autre, mène de la colère à la Joie, de la rancœur au bonheur, de la haine à l’Amour.

Chapitre Ma vie à la campagne :

Mais ceux que je préférais nourrir étaient les veaux nouvellement venus au monde. M. Gaby me laissait la responsabilité de leur préparer leur breuvage, constitué d’une poudre de compléments alimentaires que je délayais avec le lait de leur mère. Ensuite, je portais le mélange au veau à qui il était destiné. A peine le seau posé au sol, il enfouissait sa tête dedans à mi-museau pour en aspirer bruyamment le contenu. Devant sa gloutonnerie, je devais veiller à ce qu’il ne renverse pas le seau, ce qui relevait de la gageure, tant il y mettait de l’ardeur. Le repas terminé, je bataillais dur pour reprendre le seau, bien que celui-ci fût vide. Relevant la tête, le mufle encore tout blanc de lait qu’il léchait de sa longue langue, il me regardait d’un air attendri signifiant : « Dis copain ! Tu m’en ramènes un autre, slurp ! » Ce que j’aurais accompli sans hésitation, sans l’intransigeance de M. Gaby, bien moins sensible que moi à ce genre de charité. Alors, dans un geste de commisération, je plongeais ma main au fond du seau, la baignais dans le peu de lait qui restait qu’il n’avait pu aspirer. Puis, je la lui tendais pour qu’il la suce. Il gobait ma main puis la tétait comme il l’aurait fait au pis de sa mère. Je sentais la rugosité de sa langue qui me chatouillait agréablement, vivais ce moment comme une union sacrée, m’unissant à lui. Une union qui laissait un émouvant sentiment de fraternité m’envahir. Je repartais à chaque fois, avec la sensation confuse d’être un des leurs.

Chapitre Le collège :

Joli mot, lorsqu’on veut bien s’y intéresser, que ce mot intégration. Encore faut-il lui donner de la consistance, surtout depuis ces dernières années. Je pense que cela passe par l’attention que l’on porte aux autres, au respect qu’on leur témoigne. Nous souhaitons tous une société moins individualiste. N’est-ce pas étrange de retrouver régulièrement des comportements qui mènent à l’exclusion ? Au « chacun pour soi ». L’exclusion nous la subissons tous, un jour ou l’autre. A bien y regarder, nous la faisons aussi tous subir à un moment donné. Pas forcément de manière calculée, ni même consciemment, mais le plus souvent sans même nous en rendre compte, de manière normale. La « normalité » est une grande fabrique d’exclusion, car nous avons tous le profond sentiment d’être «  normal ». C’est l’autre qui est anormal. A lui donc de se changer, de se transformer en idéal pour s’adapter à moi, puisque je représente la « normalité », voire la « moralité » pensent certains.

Un regard peut exclure, une parole peut exclure, une attitude peut exclure, l’ignorance exclut et tue. Pour celui qui souffre, un comportement inadapté, un mot mal employé, peuvent soulever un tsunami de douleur, un ouragan de colère, là où nous n’aurons rien vu, rien détecté de notre maladresse. L’exclusion suscite, pour la personne qui la subit, des sentiments divers, de non-amour, de dévalorisation, d’humiliation, d’incompréhension, d’ignorance, de jalousie, de colère, d’injustice ; d’être sale, de ne pas exister tout simplement. Comment regarder l’autre sans jugement ? Pour qu’il ne lise pas dans un regard qui serait accusateur, l’avilissement de son être le renvoyant à ses manques et à son impuissance. Porter sur lui, plutôt un regard bienveillant qui lui inspire : « Regarde en toi ce que tu recèles. » On ne se voit bien que dans le regard de son semblable, mais encore faut-il vouloir s’en approcher. L’indifférence est la première brique d’une fondation à laquelle chaque jour qui passe viendra ajouter une autre brique qui finira par créer un mur entre moi et l’autre. Pour finir par me sentir couper de lui et par là même du reste de l’Humanité. Alors soyons très vigilants face à « l’indifférence normalisée ».

Chapitre Le monde d'en bas :

Ne rien laisser transparaître, ne pas laisser apparaître la pureté de son être. Séquestrer, enchaîner, bâillonner ses élans de douceur, de bienveillance, d’humanité pour les autres. Sous peine d’être taxé de « tafiole », de « tarlouze ». Impossible même de se confier. Trop risqué de laisser entrevoir une âme sensible dans l’armure de dur que nous nous forgions au fil du temps. Je n’ai jamais osé ou bien eu suffisamment confiance dans un copain pour partager avec lui : « Ça doit être bon d’embrasser une fille tendrement, de planter ses yeux dans les siens pour fixer cet instant d’éternité. Et toi qu’en penses-tu ? » Je n’ai jamais marché main dans la main avec une petite amie en parlant des lendemains qui seront sans lendemain. Je ne me suis jamais bécoté, avec une fille, « sur les bancs publics en me foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes[1]. » Je n’ai jamais flirté innocemment, éveillant les premiers émois grisants du désir de s’unir. Encore maintenant, lorsque je croise un jeune couple inexpérimenté, échanger leurs premiers baisers maladroits, mais débordants d‘envie, je ressens un petit pincement de ce manque jamais comblé de la fraîcheur de cette adolescence perdue. De la naïveté de ces moments de découverte célestes. Et, avec une pointe de tristesse qui naît en moi, je ne peux m’empêcher de les regarder affectueusement, leur enviant ce bourgeon de tendresse partagée. La cité m’a volé une partie de mon adolescence, indubitablement la plus belle.

 

[1] Georges Brassens, « Les amoureux des bancs publics. »

Chapitre Conclusion :

Dans cet engagement humaniste je ne cherche pas à excuser les faits, mais à questionner la responsabilité de la société devant les raisons qui poussent un homme à voler et parfois à tuer. En allant voir chacun au fond de nous en scrutant les faits d’un œil compatissant, puis en répondant sincèrement, humainement, avec tolérance, je pense résolument que de nombreux drames seraient évités. C’est en ça que cela devient un choix de société. Désirons-nous vivre dans une société violente, dissociée et inégalitaire, tirant vers le bas ? Ou bien une société solidaire, juste et compassionnelle élevant tout le monde vers le haut ? Notre société dans l’évolution actuelle du monde, ne peut s’épargner ce genre de réflexion progressiste, menant à une véritable transmutation des mentalités. Connaissant la souffrance que génèrent tous ces comportements individualistes, ceci me pousse à m’en faire l’avocat. C’est en remettant en question, moi, vous, nous, tous ensemble, la brutalité de notre société que nous éviterons les débordements agressifs de révoltes d’une partie de la population, victime de violence sociale. Ces jeunes des quartiers défavorisés sont là pour nous éclairer sur ce sujet essentiel des valeurs humaines. Ils nous obligent à nous questionner sur notre Humanité, pour nous inviter à cheminer vers une société pacifiée.

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